Garder les reins solides
Tout le monde ou presque est un jour confronté au mal de dos, y compris les sportifs. Dans la plupart des cas, ces douleurs peuvent toutefois disparaître grâce à un renforcement ciblé de la musculature du dos. Une opération n’est que très rarement nécessaire.
Parfois, il suffit d’un tout petit mouvement. On soulève un papier, on pose un sac sur le siège arrière, on enfile sa ceinture dans les passants de son pantalon, et c’est le drame. Une douleur fulgurante vous prend le dos, et chaque petit geste devient un supplice.
Les problèmes de dos sont devenus de plus en plus fréquents au cours des dernières années, surtout dans la société occidentale, car nous bougeons de moins en moins et vieillissons de plus en plus. Pourtant, comment réagir à un mal de dos brutal ? Comment classer les douleurs, différencier les troubles aigus des troubles chroniques, les combattre et avant tout, comment les prévenir ?
Une opération du dos n’est pratiquement jamais indispensable
Une lombalgie disparaît en quelques jours, une hernie discale en revanche est déjà plus persistante. Lombalgie, sciatique ou hernie discale : je recommande d'abord de se ménager, d’avoir de la patience et de contenir la douleur à l’aide de médicaments. Tant que seul le dos est touché, il faut simplement attendre en soulageant la douleur.
Dans la très grande majorité des cas, un traitement conservateur suffit à soigner le trouble. Je conseille également de ne pas paniquer en cas de douleurs aiguës. Une opération n’est presque jamais nécessaire à court terme et l’est très rarement à long terme. Seuls les troubles de la miction ou de la défécation, ou bien l’apparition d'une paralysie sous le niveau du genou, doivent nous alerter. Dans les autres cas, je conseille absolument un traitement conservateur, avec une activité physique douce et un renforcement musculaire ciblé du tronc et du dos. En outre, une IRM ne doit être réalisée que si les douleurs n’ont pas franchement diminué au bout de huit semaines.
Si, dans les cas extrêmes, une opération est toutefois indiquée, il faudra trois mois avant que le patient puisse de nouveau porter des charges et, s’il est sportif, envisager un retour à la compétition. L’expérience en la matière montre des taux de succès élevés : 40 % des patients sont complètement guéris après une opération, 40 % sont très satisfaits, 10 % satisfaits et 10 % insatisfaits. Après une opération, le risque de rechute à trois mois est le même que chez les patients non opérés.
La musculature est déterminante
Cependant, une intervention chirurgicale n’est vraiment nécessaire que dans des cas absolument exceptionnels. Les traitements conservateurs ont eux aussi des taux de succès élevés. En effet, les douleurs dorsales, mais aussi les hernies discales, sont presque toujours dus à une musculature dorsale sous-développée. Nous voyons très rarement en consultation des personnes en forme et très sportives, mais plus souvent des personnes en surpoids, fumeuses ou inactives.
La colonne vertébrale se compose de 24 vertèbres, reliées de manière mobile par 23 disques intervertébraux, et de 8 à 10 vertèbres soudées qui forment le sacrum et le coccyx. Comme il doit supporter presque tout le poids du corps, le rachis est un peu plus gros en bas qu’en haut et présente plusieurs courbures pour un amorti optimal (double S). Les disques intervertébraux servent à espacer les vertèbres et à amortir les chocs. Avec l’âge, ils se déshydratent et perdent en élasticité. Lorsqu'un disque est trop sollicité et compressé dans le canal rachidien, les nerfs se retrouvent sous pression et provoquent des douleurs : on parle alors de hernie discale.
Afin de ne pas en arriver là, la musculature doit jouer son rôle, car elle peut compenser en grande partie une faiblesse ou un vieillissement des disques intervertébraux. Le rachis est stabilisé principalement par la musculature dorsale dite «autochtone» qui longe la colonne vertébrale des deux côtés. Il faut se la représenter comme un long ballon de baudruche. S’il ne contient pas d’air, la simple présence du ballon ne sert à rien, alors que rempli d’air, il protège et stabilise si bien le rachis que peu de troubles peuvent apparaissent. L’air contenu dans ce ballon symbolise des muscles toniques.
L'activité physique est essentielle
Il est donc évident que l’entraînement sportif joue un rôle déterminant dans le mal de dos et sa prévention. Le sang, la sueur et les larmes sont malheureusement inévitables. Pour faire du bien à sa colonne vertébrale, s’entraîner, bouger et arrêter de fumer sont des résolutions à appliquer sur le long terme. Et plus on vieillit, plus cela se vérifie. Le rôle de la musculation est particulièrement décisif.
Dans le cadre de la rééducation, je conseille des sports neutres comme le vélo, la natation ou la marche en complément de la musculation ciblée. Il est également possible de courir, mais c’est certainement moins indiqué. Il faut éviter les sports de type « stop and go », notamment ceux qui obligent à des mouvements de rotation comme le football, le squash ou le badminton.
Patience et motivation
Sur cette voie vers l’absence de douleurs, la motivation personnelle et la patience ont au moins autant d’importance. En cas de paralysie légère, un traitement conservateur a tout autant de chances de réussir qu'une opération, si le patient est disposé à travailler sur lui-même et fait preuve de la patience nécessaire, même quand les progrès restent minimes. Mon expérience montre que la motivation et la volonté permettent aux patients souffrant du dos d’obtenir des résultats spectaculaires.
La patience n’est cependant pas la première des qualités chez beaucoup de sportifs, qui veulent reprendre l’entraînement le plus rapidement possible. Je le vois aussi à mon cabinet. Nous, les médecins, devons parfois nous transformer en psychologues pour expliquer la situation aux patients. Nous devons leur faire comprendre que pour les problèmes de disques intervertébraux, le temps est un facteur décisif. Les sportifs doivent intégrer que seule la patience suffisante leur permettra de se rétablir. En cas de guérison, rien n’empêche de reprendre une activité sportive normale, à condition que les mesures complémentaires de renforcement ne soient pas immédiatement jetées aux oubliettes, mais intégrées systématiquement au programme sportif du patient.