Oser plus de numérisation dans le secteur de santé - ce qu’il faut retenir du rapport sur la santé numérique 2023/2024 de la ZHAW
La quatrième édition de l'ouvrage livre également plusieurs aperçus. Voici selon moi les trois plus importants.
1. La numérisation dans le secteur de santé n’est pas une option
Les avantages de la numérisation dans le secteur de santé sont connus: par exemple auto-anamnèse avec une appli sur son smartphone, consultation vidéo avec la médecin de famille, édition d’ordonnances numériques et commande en ligne, ainsi que livraison de médicaments à domicile. Les auteur·e·s illustrent à l'aide d’un parcours de patient fictif comment l’utilisation de solutions numériques ciblées permet de rendre les soins plus efficaces, sûrs et de meilleure qualité pour les patient·e·s. Pour les professionnel·le·s de santé, le potentiel est également important, entre autres pour réduire la charge administrative. Cette charge en moins permet de consacrer plus de temps aux patient·e·s et à la médecine.
Jusqu’ici tout va bien - mais les auteur·e·s vont encore plus loin: la numérisation dans le secteur de la santé n’est pas qu’une question facultative, elle est au contraire une nécessité absolue si la société veut continuer à l'avenir de profiter de services de santé de qualité et abordables. Dans le contexte d’une société vieillissante, de l’expansion des maladies chroniques, de l'aggravation du manque de personnel qualifié et d’une pression croissante sur les coûts, la numérisation constitue l’élément essentiel d’un système pérenne. Il s'agit d’un message important, car se cramponner au statu quo est onéreux et la Suisse a beaucoup à perdre si la transformation numérique échoue.
2. Importance croissante de la télémédecine
Un de ces domaines dans lequel la technologie présente un gros potentiel. Lors d’un sondage auprès d’expert·e·s du réseau Économie de Santé Winterthour (NGW) et du laboratoire de Santé Numérique de la ZHAW, 75% des personnes interrogées estiment à 60% ou plus la probabilité que, dans cinq ans, 30% des médecins ambulatoires en Suisse utilisent au moins une fois par semaine des services de télémédecine.
Ceci corrobore les observations que nous faisons chez Compassana lors d’échanges avec les prestataires de soins et les patient·e·s. Bien que la télémédecine existe depuis longtemps en Suisse, les développements des années de pandémie ont conduit à une acceptation accrue des prestations médicales à distance. Le rôle de la télémédecine évolue ce faisant de la régulation de l’accès au système de santé (focus sur le Triage and Demand Management) vers la télémédecine en tant que mode de soin efficace avec diagnostic, accompagnement et coaching à distance. Les patient·e·s recherchent de plus en plus un accompagnement 24h/24 et 7j/7 par des professionnel·le·s de la santé et sont prêt·e·s à utiliser également des offres de télémédecine. Le fait que les données des patient·e·s fassent souvent défaut, constitue aujourd’hui encore un défi pour la télémédecine. Lors d’une prochaine étape, il sera essentiel d’habiliter la médecine avec les données des patient·e·s et des soins de base, afin de pouvoir d’intégrer parfaitement celle-ci dans le processus de prise en charge.
3. La valeur ajoutée de la numérisation doit être perceptible
Les auteur·e·s retiennent comme élément de leur plan en neuf points pour la transformation, que la valeur ajoutée de la numérisation doit être perceptible pour les professionnel·le·s de santé. Car lorsque les gens comprennent «pourquoi le changement est utile, voire nécessaire, ils ont envie de changer».
C’est ce que je constate de plus en plus souvent dans le cadre de mon travail chez Compassana. L'expérience directe et à valeur ajoutée et l'interaction avec les applications numériques, créent la confiance dans la transformation digitale et favorisent l'acceptation de nouvelles technologies. C’est une base importante pour une mise en œuvre réussie. Outre les projets pilotes et les initiatives phares mentionnés par les auteur·e·s, il existe d'autres approches pour entraîner des groupes cibles sur le chemin de la transformation. Grâce aux méthodes agiles, un produit peut être développé en itérations courtes, ce qui permet de donner un feedback continu aux groupes cibles. Le prototypage permet aux développeur·se·s et concepteur·rice·s de visualiser rapidement des idées. Les utilisateur·rice·s peuvent ainsi faire l’expérience de la fonctionnalité d’un produit avant qu’il ne soit entièrement développé. Enfin, le Design Thinking peut contribuer à la prise en compte des besoins et perspectives des groupes cibles tôt dans le développement du produit. Indépendamment de la méthode choisie: si les professionnels de santé et les patient·e·s font partie du voyage, la probabilité que les produits et solutions numériques soient acceptés et qu’ils apportent une valeur ajoutée effective augmente.
Conclusion
Le ZHAW rapport sur la santé numérique 2023/2024 montre de manière convaincante pourquoi et comment nous pouvons tous profiter d’une numérisation accrue dans le secteur de la santé. La digitalisation du secteur de la santé est, comme dans d'autres branches, une évolution inéluctable. Nous avons maintenant la possibilité de participer activement à cette évolution.